Argumentation bac blanc
Corpus :
Texte A : Montaigne, « De l’amitié », Essais I, XXVII, (1580-1595)
Texte B : La Fontaine, " Les deux amis ", Fables, livre VIII, (1678-1679).
Texte C : François de La Rochefoucauld, Maximes et Réflexions diverses (1664)
Texte D : Molière, Le Misanthrope (1666), Acte I, scène 1.
Texte A
Montaigne rencontre Etienne La Boétie, écrivain et poète, en 1558. Il avait alors 25 ans et son ami La Boétie 28 ans. Leur amitié sans faille fut brutalement interrompue par la mort prématurée de La Boétie cinq plus tard.
[...] Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances1 et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité2, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent3 . En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant: « Parce que c'était lui; parce que c'était moi. » Il y a, au-delà de tout mon discours et de ce que j'en puis dire particulièrement, ne sais quelle force inexplicable et fatale4, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous entendions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel : nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et réunion de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si liés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satire5 latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence6, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si