arnold Van Gennep, les rites de passage
Arnold Van Gennep
LES RITES DE PASSAGE
Extrait :
Van Gennep, Arnold, Manuel du folklore français contemporain, T.I, Vol. 1 « du berceau à la tombe », Paris, Picard, 1943, pp.109-111.
Arnold Van Gennep (1873-1957) est le père fondateur du folklorisme. D’abord appelé « ethnographie du domaine français », le folklorisme vise à étudier les pratiques populaires, les coutumes et les croyances. Van Gennep est le premier à faire de l’ethnologie française, ce qui est mal reconnu à l’époque car l’ethnologie ne se conçoit alors que comme « exotique ». L’ethnologue doit en effet se « décentrer », se « distancier » pour faire une ethnologie qui serait alors considérée comme « valable ». Cependant la démarche novatrice de Van Gennep, de par son aspect méthodologique, montre qu’il n’est pas nécessaire de s’exiler dans quelques îles reculées pour faire de l’ethnologie, mais que l’ethnologie et l’anthropologie se situent partout où il y a l’Homme, peu importe le lieu ou la distance parcourue, et apporte un éclairage nouveau sur un certain nombre de pratiques et de coutumes qui régissent les rapports sociaux et la vie quotidienne, notamment dans cet extrait qui s’intéresse plus particulièrement aux rites de passage, aspect majeur de son œuvre.
Selon Van Gennep, les rites de passages accompagnent les « changements de place, d’état, de situation sociale et d’âge » de l’individu et sont composés de trois stades : « celui de séparation, celui d’attente ou de marge, et celui d’agrégation ». Il utilise la métaphore de la frontière ou du no man’s land, zone neutre par excellence, pour illustrer ce passage d’un statut ou d’un état à un autre, ce stade de marge, cet état de liminarité entre la période de séparation qui marque la sortie d’une phase de la vie et la période d’agrégation qui symbolise l’accès de l’individu à son nouveau statut. L’utilisation d’un modèle spatial (« ces cérémonies son […] calquées sur les passages matériels, comme celui d’un