Art contemporain
Claire Van Damme
Rijksuniversiteit Gent
Considérations préliminaires
La conservation et la restauration de l’art moderne et contemporain suscitent des questions d’une complexité indéniable. L’identité même de telles expressions artistiques est à l’origine de plusieurs difficultés. Seule une approche interdisciplinaire est à même de suggérer une solution plausible aux problèmes. Celle-ci exige une collaboration intensive entre les historiens de l’art et d’autres spécialistes, parmi lesquels des chimistes, des physiciens, des biologistes, des géologues, des minéralogistes, des philosophes compétents dans le domaine culturel, des psychologues, des sociologues etc. Dans certains cas, des hommes de métier, tels que des plombiers, des menuisiers et des électriciens doivent être consultés ou engagés pour mener la restauration à bien. De plus, des sociétés de transport et des compagnies d’assurances participent régulièrement au débat concernant la conservation de l’art moderne et contemporain. Un dialogue productif entre théorie et pratique doit forcément accompagner cette position multidisciplinaire.
Le discours mené autour des oeuvres d’art contemporaines à tendance expérimentale dépasse en quelque sorte celui concernant les principes généraux d'application pour l’art ancien et, dans une certaine mesure, pour les créations récentes à caractère plutôt traditionnel. Bien entendu, dans les deux domaines, la connaissance des techniques d’exécution et celle de l’aspect matériel des oeuvres ainsi que la réflexion théorique sont indispensables. Comme pour l’art ancien, il est impossible d’établir un modèle fixe et exemplaire d’intervention pour la conservation de l’art contemporain, qui réponde à toutes les questions déontologiques ; aussi est-il nécessaire d’élaborer des critères appropriés qui tiennent compte de la spécificité de chaque oeuvre. Vu la diversité formelle, matérielle et conceptuelle de l’art moderne et contemporain,