Article JC Vigato
L'ARCHITECTURE ET L'IDENTITÉ, UN PARADOXE.
Dans la quête ou la défense de l'identité, s'opposeraient internationalisme et régionalisme, que cette dernière notion recouvre un territoire géographique restreint ou élargi à une aire transnationale précise. Les zélateurs de l'internationalisme se réclameraient d'une modernité technique et scientifique, progressiste et universelle à quoi les partisans du régionalisme prétendraient résister pour la sauvegarde des cultures locales. Dans cette controverse, les anciennes définitions semblent avoir perdu leur sens : au temps du néolibéralisme, l'internationalisme n'est plus une valeur révolutionnaire, quant au régionalisme, il prend des couleurs altermondialistes qui devraient faire oublier son passé réactionnaire. Mais qu'en est-il en architecture ? Dans le commerce de la maison clé en main, le régionalisme le plus traditionaliste n'a pas dit son dernier mot : il suffit de consulter les sites marchands en utilisant le préfixe néo, maisons néo-basques, néo-bretonnes, néo-provençales, etc., en concurrence, il est vrai, avec des maisons contemporaines, design, en bois et, bien évidemment, économes en énergie. En revanche, il est révolu le temps où le poète tchèque Karel Teige se réjouissait d'annoncer que Le Corbusier étudiait une « maison hermétique » qui pouvait convenir « à tous les climats et tous les terrains, au-delà du cercle polaire comme sous les tropiques 1 ». Dès 1954, Sigfried Giedion, encore secrétaire des Congrès internationaux d'architecture moderne, dénonçait l'aberration du Style international et, conscient des dégâts que l'Occident causait au monde, se déclarait en faveur d'un
« nouveau régionalisme qui respecte les données cosmiques et chthoniennes 2 », mais non sans rejeter symétriquement « l'imitation mal comprise », celle qui s'efforce de
« singer » les maisons paysannes traditionnelles, cette « maladie internationale ».
Pourtant les deux auteurs du Style international, Henry-Russel Hitchcock et Philip