Article revue terrain n°35
Tiphaine Barthélémy est maître de conférence à l'université paris 8 et travaille sur les systèmes de parenté au travers de la transmission, des héritages, ainsi que des structures sociales qui englobent ces phénomènes. Dans cet article, elle tente de définir le caractère des liens qui unissent parenté et argent au long du XVIIIe et du XIXe siècle, au travers de correspondance nobles et bourgeoises de la région de Nantes et Morlaix. Les cas présentés sont un cadet de famille noble qui demande à son frère aîné, principal bénéficiaire de l'héritage paternel, de lui rembourser de l'argent prêté et ce juste avant la révolution de 1789. Le second cas est un bourgeois lésé dans son héritage qui lors de la constitution de son testament au début du XIXe siècle, opte pour un partage égalitaire entre ses deux enfants, son fils et sa fille, tandis que son fils lui reproche ce choix qui selon lui, lèse ses intérêts. Le troisième cas présente un bourgeois de la première moitié du XIXe siècle, qui s'est fort enrichi au cours de sa vie par sa force de travail et qui arrive à un certain âge (43ans) toujours célibataire; il décide alors de prendre une épouse et par le biais d'un ami entremetteur, il choisit une fille de bonne famille dont le père ainsi que le futur époux, se soucient bien plus du profit engendré par ce mariage, que de considérations sur la lignée des familles. Enfin, le dernier cas met en scène le fils d'une famille bourgeoise qui est envoyé en ville pour suivre des études et qui réclame régulièrement de l'argent à son père, requête souvent rejetée, qui démontre l'évolution des mentalités au cours du XIXe siècle, avec la distinction progressive entre argent et affection, légitimité de la fortune et force de travail, ainsi que la modification de la hiérarchie sociale de la bonne famille à la famille qui a de gros moyens. Tiphaine Barthélémy relève plusieurs évolutions