Article sur l'outre-mer français
Revue Hermès, n° 32-33, CNRS Éditions, 2002, 656 p.
Les Outre-mers sont une chance pour la France, car ils sont une ouverture sur le monde à partir des trois aires culturelles de l’océan Atlantique avec les Antilles, la Guyane, Saint-Pierre et Miquelon ; de l’océan Indien avec La Réunion et Mayotte ; de l’océan Pacifique avec la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française.
Ils permettent aussi de sortir de l’« européocentrisme » dominant depuis un demi-siècle, et surtout de vivre, en grandeur nature le défi du multiculturalisme. C’est la cohabitation avec ces identités, langues, cultures, religions, traditions, liées à la métropole, mais aussi inscrites dans une histoire bien plus ancienne que celle marquée par l’arrivée des Européens (entre les 16e et 18e siècles) qui fait l’importance de ces territoires. Cette diversité culturelle est un atout pour construire l’autre mondialisation, celle qui, au-delà des marchés, des économies, et des rapports de force, doit au contraire organiser le dialogue des cultures et des civilisations.
L’importance des Outre-mers n’est donc pas d’abord économique ou démographique, elle est culturelle et politique. Le paradoxe est qu’en France très peu, beaucoup trop peu, sont ceux qui s’intéressent et sont fiers de ces Outre-mers, fiers de ce qu’ils apportent à la France, et fiers aussi de l’importance des questions politiques sociales et culturelles que ces collectivités posent à la République, et à l’Europe. En réalité les Outre-mers sont un révélateur de la plupart des questions liées à la mondialisation, au multiculturalisme et à la recherche d’autres liens de coopération politique. Le drame est que l’Outre-mer n’est pas présent dans l’espace public français. La première chose à faire est donc de construire, en métropole, un espace public où ces questions seront débattues et trouveront un écho. Contrairement à ce que beaucoup pensent, par manque de culture,