Athalie, athènes et l'amour
« Je me sentais une horreur inexprimable pour ce Joad », écrivit-il, après avoir assisté à une représentation de la pièce. Il tint le discours du pontife tout au long de l’œuvre comme mensonger, violent et indigne d’un religieux. Cette condamnation a pour corollaire la défense d’Athalie pour laquelle Voltaire éprouve de la pitié. Racine a d’ailleurs anticipé ces critiques et se justifie dans la préface de sa pièce : « On me trouvera un peu hardi d’avoir osé mettre sur la scène un prophète inspiré de Dieu et qui prédit l’avenir. » Il comprend l’écueil et il ne veut pas, à travers Joad, célébrer le triomphe des prêtres sur le temporel. Il ajoute même, à la fin, le but qu’il donne à cette prophétie, celui de servir à « augmenter le trouble dans la pièce, par …afficher plus de contenu…
Les oracles, songes et visions abondent dans la tragédie et personne ne s’en étonne car ce sont les éléments indispensables d’un genre où plane l’ombre du destin, du sort, enfin d’une puissance supérieure qui préside aux destinées des hommes. Depuis Sophocle, la voix des dieux s’élève, parfois trompeuse et perverse dans son acharnement à vouloir la perte des mortels. L’époque classique conserve ces procédés surtout pour en faire les ornements d’un discours, susceptible d’éveiller des émotions tragiques, en particulier la terreur et la pitié. Il n’est donc pas surprenant de voir que les oracles, songes et prophéties abondent dans la tragédie française du Grand siècle, et Racine en place dans plusieurs de ses œuvres, comme les oracles de Calchas