Augustin berque
Augustin Berque
« Le bavardage autour d’un point de vide dont tous savent qu’il risque aussi de se casser. » GABRIELLE ALTHEN, Le Nu vigile
est dans les villes qu’il y a le plus de toits et de murs, et dans les villes qu’il y a le moins d’étoiles. Toits et murs protègent des intempéries naturelles, mais ils enferment, aussi. Car, s’ils gardent les humains des non-humains naturels ou surnaturels, l’humain pourtant, comme tel, n’est rien sinon dans son rapport au non-humain. Pour que l’habitation humaine, pour que la ville aient un sens, il faut qu’elles se distinguent de ce qui n’est pas elles, mais qui de ce fait même les fonde en tant que telles ; cela par leur contraste avec les campagnes, les forêts, le temps qu’il fait dehors ou le firmament – la nature, en somme. Elles ont comme telles besoin de la nature, et pourtant comme telles besoin aussi d’en être séparées. Ce rapport d’altérité dans une mutuelle nécessité fait qu’on ne peut parler de la nature dans la ville, ou hors de la ville, sans présupposer de ce fait même une naturalité de la ville et une urbanité de la nature. Autrement dit, ni la nature ni la ville n’existent en soi : nous les instituons l’une et l’autre dans une relation d’opposition et de nécessaire complémentarité.
C’
dique le mot d’urbanité, suppose l’existence de la ville. Il suppose aussi que la ville se définisse par rapport au défaut de culture. C’est par exemple ainsi qu’aux premiers siècles de l’ère chrétienne, la ville gallo-romaine, parce qu’elle avait été christianisée plus tôt, s’est définie par contraste avec la nature restée païenne et paysanne des pagi, peuplés de pagani. Communément, l’on oppose la culture à la nature ; mais on le voit cette opposition demande à être raisonnée. D’une part en effet, la nature fait partie de l’humain lui-même, et donc objectivement des termes humains de
Relativité de la nature et de la ville
Cette relation, il importe de la concevoir si nous voulons que la