Augustinisme et cartésianisme
1.SaintAugustin
Après avoir eu l’influence que l’on sait sur la Réforme et bien après que le Concile de Trente a tenté de mettre fin aux querelles sur la liberté et la grâce – en 1650, année de la mort de Descartes, Saint Augustin est un auteur vivant. Si son crédit avait été jusque là d’ordre théologique, c’est alors qu’il se sécularise. L’Augustinus de Jansénius (1640) et les Méditations métaphysiques (1641) déplacent les passions philosophiques. Adoptant les progrès scientifiques et techniques de l’époque, les plus éclairés des ecclésiastiques et universitaires délaissent bientôt les enseignements fatigués des péripatéticiens et thomistes. La critique de l’Ecole permet aux savants de se libérer de l’autorité pour se remettre en possession de la liberté naturelle et raisonnable qui consiste à approuver ce que l’on juge vrai et à rejeter ce que l’on juge faux (1). Si Port-Royal s’impose dans les années soixante, la raison en est ce renouveau de l’augustinisme. Dès lors, plutôt que de nécessiter un médiateur occulte qui le dévoile et véhicule sa signification cabalistique, le signe trouve son espace à l’intérieur même de la connaissance. Rendu à son immédiate appartenance à l’idée, il n’a plus pour contenu que ce qu’il représente. Mais sans la redécouverte d’un Augustin philosophe plutôt que Père de l’Eglise, « il n’est pas dit que le langage eut alors reçu la tâche de représenter la pensée à la manière dont il le fit » (2).
Spinoza ne pouvait ignorer ce vent augustinien. Lecteur de la Logique de Port-Royal qui se réfère expressément à l’autorité de l’évêque d’Hippone, il lit aussi Calvin et possède surtout un épitome de tous les traités de Saint Augustin (3). Pourtant, s’il reprend de nombreux énoncés de Descartes, Aristote, Maïmonide, de bien d’autres encore, et même, mais beaucoup plus rarement, d’Arnauld, on ne trouve dans son œuvre nulle trace d’une influence spécifiquement augustinienne.
Ce que l’Académie de Florence