Autolyse
Alain Reyniers1
Le village de Waterloo est connu dans le monde entier pour une bataille qui ne se déroula pas sur son territoire. C’est, en effet, un peu plus au sud, sur les terres de Braine-l’Alleud, Plancenoit et VieuxGenappe que, le 18 juin 1815, Napoléon affronta pour la dernière fois –et à son désavantage– les Anglo-Hollandais de Wellington et les Prussiens de Blücher2. Les combats mirent aux prises plus de 188.000 hommes qui se massacrèrent tout au long de la journée. Quelque 50.000 d’entre-eux allaient y laisser la vie ou y être sérieusement blessés. Le lendemain, au dire d’un agriculteur local, la terre qui avait été violemment pétrie par les chevauchées successives des belligérants ne ressemblait plus qu’à une espèce de pâte gorgée de pluie et de sang. Aujourd’hui, avec bon an mal an un peu plus de 300.000 visi1 2
Chargé de cours invité au Département de communication de l’Université catholique de Louvain. Ce sont les Anglais qui, les premiers, parlèrent de la bataille de Waterloo. Les Français, quant à eux, évoquèrent longtemps la bataille de Mont-Saint-Jean alors que les Prussiens portèrent leur préférence sur la bataille de la Belle-Alliance.
Recherches en communication, n° 12, (1999).
ALAIN REYNIERS
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teurs, le site du champ de bataille est, tout comme Bruges et la Grand’Place de Bruxelles, l’un des lieux les plus connus et les plus visités de Belgique.
Un lieu, mémoire d’une bataille
Incontestablement, une part importante d’un tel succès de masse doit être imputée aux combats titanesques qui ébranlèrent tous les belligérants comme aux conséquences politiques directes de la bataille. Mais cela n’explique pas tout. Car les combats qui se déroulèrent à Waterloo attirent aujourd’hui encore bien plus l’intérêt et les passions des gens que la bataille de l’Yser en 1918 ou celle de Bastogne en 1945. Certes, l’épopée napoléonienne a toujours ses nombreux adeptes de par