Autonomie du roman de madame bovary
Gustave Flaubert est généralement classé parmi les écrivains réalistes, même s’il refuse ce qualificatif. Flaubert est certes un observateur, et son travail littéraire repose en effet sur une large documentation, mais ses oeuvres sont avant tout le produit d’un style unique, lentement travaillé. Pour cette raison, Flaubert préférait dire que ses oeuvres ne renvoyaient à rien d’autre qu’à elles-mêmes.
Gustave Flaubert est né dans une famille de chirurgiens des environs de Rouen. Dans Mémoires d’un fou (1838), il raconte sa jeunesse et son dégoût pour la société des hommes. Après La Tentation de Saint Antoine (1849), qui ne rencontre pratiquement aucun succès, Flaubert publie en 1856 Madame Bovary, qui provoque un scandale et entraîne un procès. Flaubert est cependant acquitté. En 1862, il publie Salammbô, qui est un succès. En 1869, c’est un nouvel échec avec L’Education sentimentale. Il propose une nouvelle version de La Tentation en 1874, publie Trois contes en 1877, avant que la mort ne survienne en 1880. Il laisse un roman inachevé, Bouvard et Pécuchet, qui est publié en 1881.
Flaubert se présente lui-même comme un être double : "Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonhommes distincts : l’un qui est épris de gueulades, de lyrisme […]; l’autre qui creuse le vrai tant qu’il peut, […] qui voudrait vous faire sentir presque matériellement les choses qu’il reproduit." Cette scission semble donner raison à la théorie d’un Flaubert partagé entre romantisme et réalisme. Mais cette interprétation est insuffisante, car il y a chez cet écrivain une dimension de recherche dans l’écriture qui dépasse les deux autres, une recherche de la perfection dont il parle longuement dans sa nombreuse correspondance avec Louise Colet, George Sand, ou Maxime du Camp.
Madame Bovary a nécessité au moins cinq ans d’un travail acharné. C’est un fait divers paru dans les journaux qui en a fourni l’inspiration à Flaubert. Emma Bovary est une jeune femme