Autrui
« Autrui » : ce terme propre au vocabulaire de la philosophie française contemporaine signifie « celui qui diffère de moi, mais aussi celui qui me ressemble ». Autrui et l’alter ego, selon l’expression husserlienne, c’est l’autre moi ou moi comme autre, dans tous les cas, un semblable et un autre. Les semblables, selon Aristote, ont une forme commune mais diffèrent selon leurs substances composées, par exemple deux rectangles sont semblables par la forme (une longueur supérieure à une largeur), mais diffèrent selon leurs dimensions respectives. Deux choses sont aussi semblables quand elles ont une forme identique mais d’une intensité variable, par exemple le blanc (écru…). Sont aussi semblables des choses qui ont plus de qualités identiques que de qualités différentes, par exemple les jumeaux. Dans tous les cas, le semblable ajoute à l’identité une restriction de nature qualitative, autrement dit le semblable implique une différence sur le fond d’une identité. Cette nature du semblable explique qu’il n’y a de différence que sur la base d’une propriété commune selon le nombre, selon l’espèce ou le genre. Dire qu’autrui est autre que moi ou moi comme autre introduit une difficulté car l’autre s’oppose ou est le contraire de l’identité. Parler d’autrui comme un autre sujet semble insister plutôt sur l’altérité comme étrangeté. Cette insistance sur l’altérité explique justement l’effort de la philosophie contemporaine, particulièrement la phénoménologie et l’existentialisme pour sortir du solipsisme, c’est-à-dire la solitude du sujet. Aussi, si Autrui est d’abord ce qui s’oppose comme cette chose et, d’autre part, sans autrui, il n’y a pas de monde et donc de condition d’existence du soi. Aussi, Autrui ne peut pas être simplement une chose du monde. C’est ce que Husserl souligne à la cinquième des Méditation cartésiennes : « Par exemple, je perçois les autres [...] ; et, d’une part, je les perçois comme objets du monde. Non pas comme de simples choses de la