Autrui
« Met-toi à ma place ! » Nous avons sans doute tous entendu cette phrase une fois dans notre vie, lorsqu’une personne traversait une situation douloureuse ou embarrassante. Il s’agissait alors d’une invitation au partage de cette souffrance, à sa compréhension, voire à l’excuse des actes qui en découlaient.
Nous verrons donc, dans un premier temps, pour quelles raisons il nous est envisageable, voire instinctif de se mettre à la place d’autrui. Puis à l’aide de nouvelles questions et développements nous montrerons, d’abord en quoi cette première idée est relativement limitée, puis pour quelles raisons l’homme ne peut et ne pourra jamais se mettre à la place d’autrui.
On peut se mettre à la place d’autrui, nous en avons la preuve tous les jours, essentiellement dans la rue, au contact de personnes qui nous sont inconnues. On ne parle pas de se mettre à la place d’autrui, si celui-là est un ami, ou un proche. Cette situation ne nous intéresse pas, car notre réaction serait de l’ordre de la sympathie . Il faut donc supposer une situation dans laquelle un parfait inconnu nous apparaît comme faible, en danger ou malheureux.
Rousseau parlerait alors ici de pitié. Il affirme que cette réaction est instinctive, provoquée par notre côté animal. En effet, lorsque je vois quelqu’un, je le considère comme mon semblable, un homme fait de chair et d’os, qui tout comme moi possède une conscience, de soi, et de moi. Si je le vois souffrir, ou en danger, l’instinct me pousse à l’aider, ou à me sentir relativement mal à l’aise, car son appartenance à la même espèce que moi fait que je m’identifie à lui. On note qu’en tant que spectateur d’une situation similaire à laquelle j’ai pu être confronté, la connaissance de la douleur (et non l’imagination de la douleur) permet à ma mémoire de me la rappeler, et même de me la restituer, ce qui entraîne une accentuation de l’empathie déjà éprouvée pour l’autre. Nous avons donc vu que