L’œuvre de Christian Boltanski, "Archives des Suisses morts" fait partie d’un groupe de travaux réalisés par l’artiste entre 1990 et 1991, et présenté à Lausanne cette même année lors de l’exposition “Les Suisses morts”.
On pouvait y voir pas loin de 1000 portraits de personnes décédées, provenant de la rubrique nécrologique d’un journal valaisan, collés sur des boîtes de biscuits rouillées éclairées par des lampes de bureau, qui constituaient plusieurs installationsUne installation est une œuvre qui est en volume, c'est-à-dire qu'on peut tourner autour de l'installation ou en être entourée. Contrairement à une toile, elle n'est pas accrochée verticalement à plat sur un mur mais elle est posée sur le sol ou suspendue ou construite contre un mur. dont les empilements à l’équilibre précaire obligeaient le visiteur à se déplacer avec attention.

Mais pourquoi un mémorial aux Suisses et non aux Juifs, aux habitants d’un pays qui échappa aux plus grands massacres de l’histoire ?

Sans doute justement parce que la Suisse est le pays neutre par excellence. Si Boltanski a travaillé sur la Shoa, pour lui “...créer la même œuvre avec des portraits de juifs est impossible...”. Et c’est parce que les Suisses meurent aussi et que chaque mort est insupportable que cette œuvre a trouvé tout son sens.
Par le dénuement, le flou,Lorsqu'on dit qu'on voit flou, c'est qu'on distingue mal ce que l'on voit. Une œuvre floue est une œuvre qui n'est pas nette, qui est trouble, comme si on regardait à travers de l'eau. le déséquilibre, les œuvres de Boltanski, réelles vanités contemporaines, nous rappellent sans cesse le caractère éphémère de la vie et des choses, et celui inévitable de la mort.