Bac 2010
Le discours est sans ordre logique apparent, répétitif et percé de silences ; la plupart des répliques peuvent sembler sans intérêt pour comprendre l'évolution de la pièce. Il faut dire que le dialogue, chez Beckett, n'a pas la même fonction que dans le théâtre classique: il n'est souvent au service d'aucune action. Dans Fin de Partie, les paroles des personnages font largement référence à un passé révolu, ou à l'imaginaire, comme pour compenser la vacuité du présent et l'impuissance à agir plutôt que pour y remédier. Hamm notamment, se plait à raconter, et à imposer aux autres, son "histoire", et rappelle souvent à Clov les temps anciens.
Silences, et répétition, comme toujours dans le théatre de Beckett, jouent un rôle primordial, ils ponctuent l'ensemble de la pièce. Les silences sont de durée variable, mais c'est la fréquence de pauses relativement brèves qui est la plus remarquable: la didascalie « Un temps » est écrite de multiples fois tout au long du texte. Les répétitions, elles aussi nombreuses, ont un effet comparable à celui des silences. Comme elles, elles contribuent à l'impression de faillite d'un langage qui ne parvient pas à exprimer le monde ou les sentiments de façon intelligibles. Certaines phrases, ou fragments de phrases, reviennent de manière récurrente, et semblent exprimer les obsessions des personnages. On peut penser à cette question de Hamm: « ce n'est pas l'heure de mon calmant? ». De même, répétitions de courts échanges entre Hamm et Clov tout le long de la pièce. Ce n'est pas le langage brillant et clair dont usent de nombreux personnages de théâtre traditionnel qui est mis en scène ici. Beckett reprend, en les accentuant, les défauts de la communication de tous les jours, comme il reprend, en les radicalisant, des détresses communes: vieillissement, dépérissement du corps, incompréhension mutuelle, dépendance mêlée de rancœur vis à vis