Bac français poesie

1011 mots 5 pages
1 La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes. Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente. Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.
2 Quand je repense à mon enfance, je ne peux manquer d'y associer l'odeur et le goût du pain. Les villages tout entiers étaient, à cette époque, organisés autour du boulanger et comme réglés par lui dans l'ordonnancement des rites quotidiens. Ah ! délicieux matins d'hiver où nous descendions encore tout engourdis mais guidés vers la grande table par la fragrance du pain blond ! Tièdes après-midis d'été où notre mère récompensait nos expéditions dans la campagne par de larges tranches toutes dégoulinantes de confiture ! Et c'est le pain, encore, qui commande mes souvenirs pour retrouver la tendre solennité du repas du soir où nous faisions fondre quelques croûtons dans la brûlante soupe aux choux.
3 C'est à Athos que j'ai découvert le pain grec. Tu sais, chez nous, on ne réfléchit pas au pain qu'on mange. Le pain a l'air de se fabriquer comme des allumettes, c'est devenu une denrée banale et industrialisée. Eh bien, figure-toi qu'à Athos, les moines font leur pain une fois par semaine, dans

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