Bac français
Ce dernier chapitre d'Une saison en enfer est à la fois la fin d'une histoire et la conclusion d'une longue, intense, dramatique méditation.
L'histoire raconte la déchéance d'un jeune poète qui, ayant fait le choix de la révolte contre la société et de la négation enragée des valeurs traditionnelles, se trouve projeté aux limites de la folie et à l'article de la mort. Afin de s'extirper de ce qu'il appelle métaphoriquement son "enfer", le "damné" décide de rompre avec les "mensonges" dont il s'est "nourri", d'"étreindre [...] la réalité rugueuse", et de retrouver le chemin du "devoir". L'enjeu de sa méditation est de savoir s'il est encore temps pour lui de renouer avec les principes de la morale et de la religion, de la science et du travail, etc. Et surtout, s'il faut véritablement en passer par là. Car, pour être meurtri par ce qu'il a vécu, il n'a pas pour autant cessé de haïr l'ordre établi. À l'heure de ce choix capital, le narrateur hésite tellement que tout le livre ne semble fait que de ses contradictions et de ses volte-faces.
Le problème se pose avec une particulière acuité dans cet ultime chapitre qui, par définition, est sensé apporter la réponse finale aux questions soulevées tout au long de l'ouvrage.
Celui qui dit "je" dans la Saison est-il Rimbaud lui-même ?
Cet "adieu" annonce-t-il une rupture définitive du poète avec la littérature ?
Faut-il y voir une intention de rentrer dans le rang ? Une conversion, un retour en religion ? Pour tenter de répondre à ces questions, la méthode qui m'a paru la plus éclairante est celle des pistes autotextuelles offertes par le texte, c'est à dire des recoupements possibles avec les autres textes de Rimbaud. Par une lecture linéaire utilisant fréquemment ce type de rapprochements, j'essaierai de montrer que le narrateur (Rimbaud lui-même dans une certaine mesure), bien décidé à faire table rase, est pourtant à la recherche d'une sorte de troisième voie