Bacbeth
Macbeth est la plus simple, la plus dense, en même temps que la plus brève des pièces majeures de Shakespeare. Elle annonça le renouveau d’un genre de tragédie qui allait rester en vogue jusqu’aux règnes de Jacques 1er et de Charles 1er: la tragédie de sang, que Thomas Kyd avait popularisé dans la Tragédie espagnole, au début de la période élisabéthaine. Les dramaturges de cette époque croyaient faire ainsi revivre le théâtre antique. Mais seule une minorité d’érudits avaient accès à la source grecque; pour les autres, ils n’avaient à leur disposition que les mélodrames déclamatoires de Sénèque.
Dans Macbeth, Shakespeare a perfectionné la tragédie sénéquienne dont Webster (dans La Duchesse d’Amalfi et Le Diable blanc), ainsi que Cyril Tourneur, John Ford et James Shirley, devaient par la suite reprendre la tradition. Il a aussi renouvelé le modèle tragique et grandement amélioré l’efficacité des anciennes techniques, précieuses jusqu’à l’enflure. Macbeth est une de ses pièces les plus sobres dans sa composition, et celle également où l’interaction des principaux personnages et de leurs motivations, leurs problèmes moraux et psychologiques, paraissent sous le jour le moins complexe.
Bien que l’action s’étale sur plusieurs années et que Shakespeare nous emmène à la cour d’Angleterre pendant quelques scènes, alors que l’action principale se déroule en Écosse, le temps et l’espace imaginaires ne paraissent pas enfreindre la règle aristotélicienne des trois unités. Le spectateur a l’impression que le drame coïncide avec la durée de sa représentation sur scène, et il lui semble ne jamais quitter un même lieu désertique, au cours d’une nuit lugubre. Les personnages secondaires dépendent de l’architecture de l’oeuvre bien plus qu’ils n’ont leur personnalité propre et autonome, à l’inverse de ce qui se produit dans les autres pièces de Shakespeare, même les drames historiques. La psychologie et la moralité de Macbeth et de son épouse sont