Bachelard entre science et symbolique
-Epistémologue qui a su allier la raison et la rêverie, le concept et l’image, Bachelard a réussi à renouveler l’espace scientifique par l’anti-dogmatisme et la plasticité de sa pensée qui s’alimente autant aux théories des hommes de sciences et de laboratoire qu’aux textes des écrivains, poètes, philosophes ou psychologues. Cet ancien commis des Postes, devenu licencié en maths puis, agrégé de philo et docteur es lettres(1927), enseignera la physique et la chimie aux collégiens avant d’occuper la chaire de l’histoire et de la philo des sciences à la Sorbonne (1940-54). Cet éternel écolier_ passionné de physique einsteinienne, de chimie quantique, liseur assidu des romantiques, de Novalis, Nietzsche, Lautréamont, Poe, des surréalistes ou de Jung _ saura diffuser après la guerre un nouvel esprit au sein de l’université française, plutôt dominée par le cartésianisme et le positivisme.
-Ce penseur rationaliste soucieux de renouveau a remis en question l’esprit scientifique dominant, notamment en valorisant dans l’air et les songes(1943) l’imagination : faculté de former et de déformer des images fournies par la perception et capable de nous libérer des images premières, même de les changer. Ainsi, l’imagination est dans le psychisme humain l’expérience de l’ouverture, de la nouveauté, une force qui se manifestant dans la rêverie. Bachelard ajoute dans le même texte que le poème est surtout une aspiration à des images nouvelles, d’où son intérêt pour la poésie et l’imaginaire littéraire, espaces de changement et de création. De plus, aussi bien les théorèmes que les poèmes naissent aussi de la rigueur intellectuelle, après un processus de fabrication, de purification et de dépouillement. Ainsi, le nouvel épistémologue allie la rationalité à l’imagination, la conscience au rêve. C’est pourquoi ce chimiste de la pensée ressemble, sous un certain angle, à l’alchimiste, cet artisan imaginatif qui quête jour et