balzac
À la fin de 1612, le jeune peintre Nicolas Poussin se présente à la porte de Porbus, grand peintre qu'il vénère. Il profite du vieux maître Frenhofer pour le suivre et entrer. Dans l’atelier, il est fasciné par un tableau commandé par Marie de Médicis, Marie l’égyptienne, mais maître Frenhofer étudie la peinture, et exprime son opinion : Porbus copie la nature en observateur attentif, mais il ne parvient pas à restituer la vie. "Le sang ne palpite pas sous cette peau d'ivoire." Il lui reproche d'avoir hésité entre deux systèmes, le dessin et la couleur. Inspiré aussi bien par Holbein, Titien, Dürer ou Véronèse, il a oublié que "la mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer". En quelques coups de pinceaux, Frenhofer insuffle la vie dans l’œuvre, mais déplore son incapacité à finir sa propre toile, La Belle Noiseuse, qui monopolise l’essentiel de son art depuis dix ans, mais sans atteindre à cette perfection absolue qui est son idéal artistique, travail qui doit montrer l'âme du modèle, tout en reflétant celle de l'artiste. Frenhofer est obsédé par le désir de représenter la beauté féminin dans sa pureté élémentaire. Mais où trouver le modèle parfait ?
Poussin propose au vieux maître de faire poser la femme qu’il aime : la belle Gillette, et Frenhofer accepte. La jeune femme hésite, y répugne d’abord par pudeur et de crainte de salir sa pureté par le regard du vieil homme, puis accepte. La beauté de Gillette l’inspire à tel point qu’il termine La Belle Noiseuse très rapidement. Porbus et Poussin peuvent venir contempler le chef-d'œuvre. Frenhofer leur présente fièrement. Mais ils ne voient strictement rien alors que Frenhofer se perd en commentaires sur son travail. En s'approchant, ils distinguent un pied nu dans un coin du tableau, noyé dans un chaos de couleurs. Juste un pied, mais un pied si vivant ! Malheureusement, là où Frenhofer voit son ultime chef-d'œuvre,