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3.1 Les Tragiques
En juin 1577 Agrippa d’Aubigné est gravement blessé lors d’une bataille et se voit être assigné à son lit. De cette immobilité, vont naître Les Tragiques, concentré de colère et de haine qu’il va polir pendant deux ans dans sa demeure. Il achève Les Tragiques en 1589 mais celle-ci ne firent leur apparition au grand jour qu’en 1593, lors des Etats généraux de la Ligue1 sous forme manuscrite.
Ce poème de neuf mille vers est distribué sur sept livres. Miseres raconte la douleur des paysans et les complaintes des soldats en guerre2. Princes nous aspire dans une satire dégradant Henri III et les Valois où il compare « la liberté de ses écrits à celle des vices de son temps ». Dans La Chambre doree, il met en scène Dieu descendant sur Terre pour contempler avec ironie la corruption humaine et qui continuera dans Les Feux et Les Fers d’observer les luttes protestantes. Agrippa finit par Vengeances et Jugement, représentant le Jugement Dernier qui amène la paix de Dieu sur Terre.
La première édition est parue en 1616. C’est pour éviter la censure qu’elle fut imprimée par d’Aubigné lui-même –qui utilisa comme pseudonyme « Le larcin de Prométhée- à Maillé, chez lui et s’aida des presses de Jean Moussat.
3.2 Extraits des Tragiques
3.2.1 Extrait 1
« D’ici la botte en jambe, en non pas le cothurne3,
J’appelle Melpomene4 en sa vive fureur,
Au lieu de l’Hippocrene5 esveillant cette sœur
Des tombeaux rafraischis, dont il faut qu’elle sorte
Eschevelée, affreuse, et bramant en la sorte
Que faict la biche apres le fan qu’elle a perdu.
Que la bouche luy saigne, et son front esperdu
Face noircir du ciel les voutes esloignees,
Qu’elle esparpille en l’air de son sang deux poignees
Quand espuisant ses flancs de rebloublez sanglots
De sa voix enroüee elle bruira ces mots :
« O France desolee ! ô terre sanguinaire,
Non pas terre, mais cendre ! ô mere, si c’est mere
Que trahir ses enfants aux douceurs de son sein
Et quand on les