barbusse
A la folie… passionnément
COUP DE CŒUR
1.
Alanna Richards passait nonchalamment en revue les robes de cocktail suspendues sur leurs cintres. Protégées par un film transparent, toutes portaient le nom d’un grand couturier. Un petit sourire d’autodérision se dessina sur ses lèvres. Elle aussi avait un jour possédé une telle garde-robe.
Avec des tenues toutes plus magnifiques et seyantes les unes que les autres. A cette époque-là, elle devait impérativement paraître à son avantage.
Chaque jour.
Et chaque nuit.
Son sourire se crispa. Des souvenirs, enfouis depuis longtemps, remontèrent soudain à la surface. Un visage lui apparut, un visage aux yeux sombres, brûlants de désir.
Elle laissa retomber sa main brusquement et se remit en marche, foulant silencieusement les épaisses moquettes. Il était plus que temps de rejoindre Maggie et les garçons. Ce moment de faiblesse était ridicule. A quoi bon ressasser le passé ? Ses souvenirs étaient soigneusement enfermés tout au fond d’elle, et elle n’avait pas le droit d’ouvrir la boîte de Pandore. Jamais.
Peut-être un jour, quand elle serait une vieille femme,
3
elle les laisserait s’échapper pour les contempler à loisir.
Mais pour le moment, ce n’était pas prudent.
Pas prudent du tout.
Elle se dirigea d’un pas décidé vers les escaliers roulants du plus grand et du plus prestigieux des grands magasins londoniens, dont, à une époque, elle avait été une cliente attitrée. Cela faisait une éternité qu’elle n’y avait pas remis les pieds. D’ailleurs, ce jour-là, ce n’était pas elle qui en avait eu l’idée. C’était Maggie qui avait insisté pour faire visiter aux garçons le département des jouets et les vitrines merveilleusement décorées pour Noël.
« Pas pour acheter quoi que ce soit, bien sûr ! » s’était exclamée en riant son amie, gentille jeune femme qui, comme Alanna, élevait seule son petit garçon. « Juste pour regarder. Ben et Nicky seront tellement contents ! »
Et