Baroque et classicisme Le XVIIe siècle français est marqué par la succession de deux courants artistiques qui s'opposent : le baroque et le classicisme. Impliquant deux visions du monde contradictoires, ces mouvements s'expriment également dans des formes littéraires qui leur sont propres. En quoi les visions baroque et classique du monde s'opposent-elles ? Alors que la France est encore fortement marquée par les bouleversements politiques et les guerres de religion, le sentiment qui domine au début du XVIIe siècle est celui d'une grande instabilité du monde et de la vie humaine. Le mouvement baroque naît de cette impression d'un monde en mouvement, qui n'est jamais fixé et où rien n'est irréversible. Sur le plan religieux, cette conception se traduit par la montée en puissance des Jésuites qui affirment que Dieu n'a pas fixé par avance le destin de l'homme et que ce dernier doit gagner son salut en participant activement à la vie terrestre. Dans les Églises, le baroque s'exprime par un foisonnement d'ornements et de richesses : on célèbre la beauté de l'univers en imitant la fécondité et la puissance de la nature. Enfin, le baroque se caractérise par une volonté de rupture avec les modèles du passé : les libertins affirment ainsi leur volonté de penser par eux-mêmes et font de la recherche du bonheur sur cette terre le but ultime de l'existence humaine. Pourtant, à partir de 1661, le règne de Louis XIV marque le début d'une nouvelle ère politique qui coïncide avec un changement profond des valeurs : rejetant la vision baroque du monde, le classicisme se positionne comme un mouvement symétriquement inverse. Pour les classiques, en effet, le monde est figé et constamment soumis à la volonté divine. Par conséquent, seul Dieu peut assurer le salut de l'homme dont le destin est déterminé par avance. Cette vision janséniste de la vie trouve son expression politique dans la monarchie absolue : le monarque est souverain et le pouvoir centralisé. Le modèle