Barrouillet Camos
Pierre Barrouillet
Université de Genève
Valérie Camos
Université de Bourgogne & Institut Universitaire de France
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Remerciements :
Les auteurs tiennent à remercier Evie Vergauwe pour son aide. Ce chapitre a été écrit alors que le second auteur bénéficiait d’un fellowship du Leverhulme Trust à l’University of Bristol (Grande-Bretagne).
Le développement de la mémoire de travail
1. Introduction
Depuis les travaux princeps de Baddeley et Hitch (1974), la notion de mémoire de travail n’a cessé d’occuper une place toujours plus importante en psychologie. Concevant la pensée comme un processus de formation, de stockage et de manipulation de représentations symboliques, l’approche cognitiviste rendait nécessaire la conception d’un système central dévolu aux traitements et au maintien simultanés des représentations sur lesquelles ces traitements s’exercent. En montrant que la mémoire à court terme du modèle d’Atkinson et Shiffrin (1968) ne pouvait remplir ce rôle, Baddeley et Hitch ouvraient un champ de recherche particulièrement heuristique. En témoigne la floraison au cours des trente dernières années de modèles théoriques décrivant la structure et le fonctionnement de cette mémoire de travail (Miyake & Shah, 1999), de tâches visant à en évaluer la capacité (Daneman & Carpenter, 1980, 1983 ; Turner & Engle, 1989), et d’études empiriques destinés à décrire ses relations avec l’attention (Cowan, 2005 ; Engle, 2002), l’intelligence (Kane, Bleckeley, Conway, & Engle, 2001) ainsi que la mémoire à long terme (Rosen & Engle, 1997).
En tant que centre exécutif du système cognitif, la psychologie contemporaine considère que la mémoire de travail joue un rôle essentiel dans les activités dites contrôlées, par opposition aux activités réputées automatiques, son contenu recouvrant celui de notre conscience et constituant la toile de fond de notre activité mentale. Ainsi, les limitations