Base trductologie
L’ESCLAVE AMOUREUSE
Paris, Méricant 1905 « Nouvelle Collection Illustrée » n°387 sous le titre Amours d’esclave
Publication du groupe « Ebooks libres et gratuits » – http://www.ebooksgratuits.com/
Table des matières
CHAPITRE PREMIER CHAPITRE II CHAPITRE III CHAPITRE IV CHAPITRE V CHAPITRE VI À propos de cette édition électronique
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CHAPITRE PREMIER
Il y avait plus de soixante ans que l’empereur Napoléon, pressé d’argent, avait vendu les provinces de la Louisiane à la République des États-Unis ; mais, en dépit de l’infiltration yankee, les traditions des créoles français se perpétuaient. M. de Saint-Elme, dont la plantation était située à vingt milles de la Nouvelle-Orléans, occupait plus de six cents esclaves qu’il traitait avec une bonté devenue proverbiale. On disait couramment : Heureux comme un noir de M. de Saint-Elme. Ce matin-là, M. de Saint-Elme se leva de bonne heure. Il se trouvait debout au moment même où le commandeur de la plantation, Vulcain – un pauvre diable boiteux de naissance – soufflait dans un coquillage pour appeler les noirs au travail et diriger les divers ateliers de travailleurs vers les acréages de coton et de cannes à sucre. Vulcain faisait siffler sa « rigoise » d’un air de nonchalance tyrannique, mais les noirs, confortablement vêtus de pantalons de cotonnade et de chemises de grosse toile, la face épanouie d’un large sourire, aux dents blanches, hochaient la tête avec une bonhomie malicieuse et venaient s’aligner en ordre en face du bénévole commandeur. Pour Vulcain, la « rigoise » était un insigne luxueux, un meuble de parade, quelque chose de comparable au bâton de commandement que l’on voit figurer aux mains des généraux mestres-de-camp dans les tableaux de Lebrun ou d’Hyacinthe Rigault. Si Vulcain avait jeté sa rigoise dans un buisson de cannes infesté de serpents à sonnette, il est hors de doute qu’elle lui eût été rendue