Bau horloge
· Le temps est l'une des plus obsédantes composantes du spleen baudelairien. Il s'agit d'un sentiment profond de grande tristesse. Omniprésent, étouffant, le spleen se révèle douloureusement à chaque étape de la vie en y imposant un bilan désespérant.
· « L'Horloge », poème LXXXV de la section « Spleen et Idéal », clôt la longue série de poèmes consacrés au Temps : « L'Ennemi », « Chant d'automne », « Spleen », « Le Goût du néant ». Il marque l'aboutissement d'un parcours qui sanctionne l'échec de l'Idéal et la victoire du Spleen.
· « L'Horloge » reflète enfin l'état d'esprit de Baudelaire en 1861 : ce dernier, désespéré, ne voit d'issue que dans la mort et pense à se suicider. Lecture Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible; Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs,