Baudelaire, l'albatros

730 mots 3 pages
Absent de l'édition de 1857, ce poème occupait la deuxième place dans l'édition de 1861. S'il reflète peut-être quelque lointain souvenir du voyage exotique effectué par Baudelaire dans sa jeunesse, l'oiseau est ouvertement allégorique dans le dernier quatrain en remplaçant le champ lexical maritime par celui de la difficile "marche sur le sol", terrestre et dénuée de toute fluidité. Une telle solidification qui a commencé dès le deuxième quatrain instaure donc une dégradation.

De ces 4 quatrains on ne retient souvent que le dernier où est énoncée, en conclusion, la thèse romantique de l'exclusion : en généralisant la difficile condition du poète au XIXè s., Baudelaire a la conscience douloureuse d'une marginalité subie, d'une mise au ban de la société (cf. sa biographie), de l'être infirme et bancal. Dans ce cas il "est semblable" à l'Albatros livré aux railleries des marins grossiers et brutaux. Cela implique une lecture rétrospective du poème : ce qui apparaissait, de prime abord, comme une personnification de l'oiseau se comprend maintenant comme une métaphore animale du poète. Avec "nuées", "tempête", "ailes de géant" situés au-dessus de "sur le sol", "empêchent de marcher", le sentiment de supériorité de cet oiseau pur incompris par le monde d'ici-bas est très perceptible.

Il s'agit là d'un traumatisme sociologique certes primordial, mais le poème ne se réduit pas à cette dénonciation. Etudions-en d'autres aspects, hormis cette position romantique qui se justifie encore avec l'expression voyageur ailé : elle est un souvenir du Pélican voyageur de Musset, qui était plus macabre que, chez Baudelaire, le très valorisé "roi de l'azur", "prince des nuées", "géant qui se rit de l'archer". Comme chez Musset, la souffrance et le mépris des hommes constituent un signe d'élection pour le poète qui en tire la matière de son oeuvre, car sans le danger (de la tempête, de l'archer, des marins, et allégoriquement des mauvais sentiments humains) que l'Albatros

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