Beams
Les Romances sans paroles marquent un tournant décisif dans la carrière de Verlaine. Le recueil est en effet contemporain (1874) de l'orage personnel qui traverse sa vie en la personne de Rimbaud. Le poème intitulé « Beams », qui est extrait de la section « Aquarelles », ne garde nulle trace pourtant de cette tourmente. Tout auréolée de lumière, une femme énigmatique guide vers (ou sur ?) la mer une cohorte de soupirants fidèles.
La présence du poète se manifeste à travers le pronom personnel « nous ». Le pronom
« elle » met quand a lui en avant la passagère.
Verlaine transpose, ici, un événement vécu. Il s'agit d'une traversée effectuée avec Rimbaud, entre Douvres et Ostende, en avril 1873, à bord d'un navire, le Comtesse-de-Flandre.
Dans l’ensemble du poème, la syntaxe et la versification coïncident. On note deux enjambements « son pas plus calme encore / que le déroulement des vagues » et « doucement inquiète / de ne nous croire pas » qui ralentissent légèrement la diction sans l’interrompre, cette correspondance contribue à la régularité du rythme binaire.
La forme du poème est versifiée, il y a quatre quatrains en alexandrins et les rimes sont embrassées.
Assonance en /a/ et en /an/ ; allitérations en /v/ et en /l/, cette musicalité crée un climat harmonieux qui justifie l’exclamation du vers 8 « ô délice »
Le champ lexical de la mer avec « les flots de la mer », « le chemin amer », « le déroulement des vagues », « des voiles ».
Le champ lexical du ciel avec « un vent bénin », « ciel calme et lisse », « Des oiseaux blancs volaient ».
Le champ lexical de la lumière avec « Le soleil luisait haut », « des rayons d'or ».
Le champ lexical de la pureté avec « pur », « blanc », « blanches ».
Une présence féminine avec « elle », « belle », « inquiète » et l’expression du délice avec « ô délice » et « joyeux ».
Les temps verbaux les plus utilisés sont le passé simple avec « elle voulut », « nous nous prêtâmes », « elle se retourna », Ils