Beaud
Dumontais: Ce qui m’a pris, comme vous dites, c’est que j’ai décidé de faire ce que j’avais envie de faire depuis très longtemps : écrire pour moi-même. Il faut comprendre que le boulot de concepteur-rédacteur, en publicité, ça consiste en grande partie à écrire pour les autres. On vous donne un véhicule, qui peut être un dépliant, une brochure, une annonce-journal, un message-radio. On vous donne un produit ou un service, puis une argumentation. De là, il vous reste à trouver le ton, le style, et puis les mots. Le moins de mots possible, d’ailleurs, car les gens ne sont pas payés pour lire les annonces. Peu de mots mais des mots qui vendent. C’est ça, la pub. Vingt-cinq ans à écrire pour les autres, ça donne forcément des envies de liberté. Mais ce n’est pas très facile de s’y mettre car un briqueleur qui pose des briques toute la journée n’a pas forcément envie de briqueler sa propre maison la fin de semaine. Le courage et la discipline ne sont pas faciles à trouver. Puis un jour c’est cette envie de liberté qui l’emporte et on fonce. Goulûment,