beaudelaire
A. La figure maternelle
- La figure maternelle est si présente qu'elle ouvre le poème : « mère ». Baudelaire attribue à la femme aimée la maternité de ses souvenirs, elle en est l'auteur tout comme la mère donne naissance à son enfant, et constitue ses premières perceptions et donc ses premiers souvenirs. Il n'y a pas d'articles, ni de pronom, ni de nom associé au groupe nominal « mère des souvenirs » : l'auteur récite une prière, et s'inspire du « je vous salue Marie ». Il loue la femme aimée et la place au dessus de tout, comme le ferait un fils pour qui la mère représente l'idéal féminin absolu et inégalable.
- La femme génitrice réapparaît ponctuellement dans la première strophe avec les termes « devoirs » (devoir filial) et « douceur du foyer » dont elle est la reine, puis à la 5ème strophe où il se fait petit enfant « blotti dans tes genoux ». Cette image de la femme est sans cesse concurrencée par celle de la femme amante, et cette duplicité est visible à l'intérieur même des vers (v.1 et 5, v.4).
B. La maîtresse sensuelle
- Baudelaire juxtapose effectivement les deux visages de la femme dans la première strophe. Il vénère ces deux facettes de la femme, la génitrice mais surtout la « maîtresse des maîtresses », au-dessus de toutes les autres, sur un piédestal. Il lui offre tout son amour et se place à ses pieds, lui voue un culte en l'implorant de recevoir l'expression de ses sentiments : « Ô toi », énumération, reprise des termes, points d'exclamation. Il la vénère mais la tutoie aussi pour montrer la proximité qu'il ressent entre eux.
- Baudelaire dessine un portrait de son amante : sulfureuse (« ardeur du charbon », « illuminés », « puissant », « sang », « chaudes soirées »), mais aussi apaisante, sensuelle et douce (« la douceur du foyer et le charme des soirs », « voilés de vapeurs roses », « que ton sein m'était doux ») La femme est rayonnante et brûlante, donc dangereuse (« poison »), comme le soleil ou le feu