Beaumarchais le personnage de figaro
Emission de radio, Cf audiosup
Depuis Molière, le public des comédies s’était habitué à ne voir dans le valet que le serviteur de son maître, c’est-à-dire celui qui se démène pour le compte de quelqu’un d’autre, qui socialement lui est supérieur. Il s’agit d’un peu plus que d’une évidence, car avec le Mariage de Figaro, Beaumarchais inverse les perspectives et les habitudes, le titre lui-même indique déjà qu’il s’agit de Figaro et de lui seul, il montre bien que les autres personnages ne seront pris en considération que dans la mesure où ils ont un rapport avec Figaro et surtout qu’ils servent ou entravent ses intérêts, en l’occurrence son mariage.
Il est nécessaire de rappeler que ce type de valet n’était pas inconnu du public, que le Barbier de Séville était encore dans toutes les mémoires et que la censure par ses interdictions – cette pièce, vous le savez, dut attendre 4 ans l’autorisation de paraître – la censure donc organisait autour de l’oeuvre une publicité qui ne pouvait que profiter à la production précédente de l’auteur.
Mais ces considérations extérieures n’intéressent que fort peu l’examen de la pièce et de son originalité. Aussi convient-il de s’attacher à montrer que le problème posé en soulève bien d’autres qui en dépendent peut-être mais qui aussi peuvent renforcer ou infirmer un jugement du genre : « l’originalité majeure du Mariage de Figaro vient du fait qu’au lieu de servir son maître, le valet se dépense dans son propre intérêt, signe des temps ». Ce n’est qu’au terme d’une analyse attentive du rôle de Figaro à l’intérieur même de la pièce et d’une analyse de l’évolution d’autres personnages que l’on pourra fournir une conclusion certaine étayée de preuves et de concertations.
Dans un premier temps, je m’attacherai à comparer le Mariage de Figaro au Dom Juan de Molière, cette dernière pièce en effet met en scène Sganarelle, valet qui est le pivot de l’œuvre. Ce