Fin de Partie a été créée en français le 1er avril 1957, à Londres, au Royal Court Theatre, dans une mise en scène de Roger Blin, avec :
Nagg : GeorgesAdet
Nell : Christine Tsingos
Hamm : Roger Blin
Clov : Jean Martin
La pièce a été reprise le même mois, à Paris, au Studio des Champs-Élysées, avec la même distribution, sauf pour le rôle de Nell qui a été tenu par Germaine de France.
Fin de partie a été jouée en anglais en 1958 avec en complément La Dernière Bande, un texte de quelques pages dont le titre anglais est Krapp's Last Tape.Personnages et contenu narratif
Hamm, aveugle paraplégique, occupe le centre de la scène. Il entretient avec son valet et fils adoptif Clov une relation étrange d'interdépendance. Clov affirme vouloir quitter Hamm ou le tuer, mais n'a le courage de faire aucune de ces deux choses pendant toute la pièce. La dernière scène de la pièce présente Hamm parlant seul, tandis que Clov le regarde, vêtudifféremment et portant une valise, comme s'il allait enfin partir.
Nell et Nagg, les parents de Hamm, ont perdu leurs jambes lors d'un accident de tandem dans les Ardennes et vivent désormais dans deux poubelles situées sur la scène.
Il n'y a pas à proprement parler d'intrigue dans Fin de partie. On peut toutefois se demander si la journée mise en scène n'est qu'une « journée comme les autres »comme veut le croire Hamm ou si des éléments nouveaux et inconnus, inquiétants ou porteurs d'espoir font leur apparition dans la vie des personnages au cours de la pièce. En effet, Nell semble mourir, et Clov semble sur le point de quitter Hamm, mais le spectateur ignore si ces deux événements sont uniques et se sont produits, ou s'ils ne sont que des répétitions d'un rituel familial quotidien.On peut donc avoir l'impression, comme Clov ne cesse de le répéter, que « quelque chose suit son cours ».
Procédés de composition de la pièce.
Le discours est sans ordre logique apparent, répétitif et percé de silences ; la plupart des répliques peuvent sembler sans intérêt pour comprendre l'évolution de la pièce. Il faut dire que le dialogue, chez Beckett, n'a pas la même fonction que dansle théâtre classique: il n'est souvent au service d'aucune action. Dans Fin de Partie, les paroles des personnages font largement référence à un passé révolu, ou à l'imaginaire, comme pour compenser la vacuité du présent et l'impuissance à agir plutôt que pour y remédier. Hamm notamment, se plait à raconter, et à imposer aux autres, son « Roman », et rappelle souvent à Clov les temps anciens.Silences, et répétition, comme toujours dans le théâtre de Beckett, jouent un rôle primordial, ils ponctuent l'ensemble de la pièce. Les silences sont de durée variable, mais c'est la fréquence de pauses relativement brèves qui est la plus remarquable : la didascalie « Un temps » est écrite de multiples fois tout au long du texte. Les didascalies composent par ailleurs 30% de l'œuvre totale. Les...