Bernard stiegle

3004 mots 13 pages
La jeunesse est l'avenir de l'homme | Ars Industrialis

Page 1 of

La jeunesse est l'avenir de l'homme Version longue d'un article de Bernard Stiegler à paraître dans la revue du secours populaire du mois de septembre 2010 Le consumérisme qui semble dominer notre époque – je dis qu’il semble dominer, parce que chacun sent bien qu’il n’est plus viable, qu’il est devenu toxique, que tout cela ne pourra pas durer et que quelque chose d’autre se cherche – frappe violemment une grande partie de la jeunesse, dont on a parfois l’impression (à tort, j’essaierai de dire pourquoi plus tard) qu’elle ne connaît aucune autre réalité que la marchandise jetable, c’est à dire en fin de compte sans réelle valeur. Et on l’a l’impression que la jeunesse se sent elle-même être sans valeur, et vivre dans un monde dévalué. Le consumérisme, cependant , n’est pas un phénomène nouveau. Ce que nous vivons en ce moment constitue le terme d’un processus. Que quelque chose se termine, c’est ce dont l’effondrement de General Motors a été l’indice planétaire en 2008. 2008 a signé la fin d’un processus qui a démarré au début du 20 siècle de manière embryonnaire, et qui ne s’est véritablement imposé, en particulier en Europe occidentale, qu’après la seconde guerre mondiale, surtout à partir des années 60. Au cours de cette décennie, la jeunesse a été visée, « ciblée » et systématiquement harponnée par les médias de masse, en particulier, en France, à travers ce que l’on appelait alors les « radios périphériques », c’est à dire non autorisées à émettre sur le territoire national, parce que privées et financées par la publicité : Europe n°1 et RTL. C’est à cette époque qu’est née l’émission Salut les copains, qui est aussi devenue un hebdomadaire, et qui a fabriqué la période dite « yéyé ». Il s’agissait alors de « segmenter » les marchés, comme dit le marketing. Et pour cela, de modifier les rapports intergénérationnels, de façonner une « culture jeune », etc. Ce fut aussi, et au plan mondial,

en relation