Billie holiday, biographie
Sa voix unique, rocailleuse et lyrique à la fois, portait les stigmates d'une vie douloureuse. Marquée par ses souffrances, excessive, fragile, Billie trouva dans le chant le peu de paix et de liberté qui lui était promis, avant sa mort prématurée à quarante-quatre ans.
Eleanora Fagan naît à Baltimore en 1915. Sa mère, Sadie Fagan, a 19 ans et son père, Clarence Holiday, en a 17. Dans Lady Sings the Blues[2], Billie Holiday, réécrivant son histoire, enlève quelques années à son père, plus encore à sa mère, et en fait un couple marié. C'est l'une des nombreuses déformations de la réalité que Billie elle-même entretenait et dont son autobiographie a prolongé les effets. La réalité est un peu moins idyllique. Clarence et Sadie ne se sont jamais mariés. Clarence Holiday ne reconnaît pas l'enfant, il est guitariste de jazz, et passe sa vie dans les clubs la nuit, sur les routes le jour. Sadie, sa mère, n'a pas le temps de s'occuper d'Eleanora et la confie à sa famille : la fillette va d'un foyer à l'autre tandis que sa mère enchaîne les petits boulots à Baltimore, tout en voyageant souvent à New York où elle multiplie les rencontres masculines, en général rétribuées.
La petite Eleanora n'a pas la vie aussi facile : elle endure les violences de sa tante Ida, et subit un premier traumatisme : un jour, alors qu'elle fait la sieste dans les bras de son arrière grand-mère, celle-ci meurt dans son sommeil. Eleanora se réveille étranglée par les bras de la morte et panique. Elle restera plongée dans un mutisme coupable pendant des semaines.
Sadie reprend Eleanora à sa charge après quelques années. Elle a dix