Françoise Dolto, née Marette, est issue d'une famille bourgeoise de conviction catholique et monarchiste du 16e arrondissement de Paris : sa mère Suzanne Demmler, de souche alsacienne, est fille de polytechnicien et son père Henri Marette est également ingénieur polytechnicien, devenu industriel. Quatrième enfant d'une fratrie de sept (elle est la sœur de Jacques Marette (1922–1984), ministre français des Postes de 1962 à 19671), elle est élevée de manière très traditionnelle. Pour Elisabeth Roudinesco : «Elle a eu une enfance catholique, d'extrême droite.»2 Bébé, elle est confiée à une nourrice irlandaise qui s'occupe beaucoup d'elle, au point que ses parents doivent lui parler anglais pour obtenir un sourire. Les parents renvoient brutalement la nourrice3, et le bébé, alors âgé de huit mois, attrape une bronchopneumonie, dont il guérit après que sa mère l'eut tenu contre elle vingt-quatre heures durant au plus fort de la maladie.
Très jeune, elle parle de devenir « médecin d'éducation » selon ses propres termes : « Un médecin qui sait que quand il y a des histoires dans l'éducation ça fait des maladies aux enfants, qui ne sont pas des vraies maladies, mais qui font vraiment de l'embêtement dans les familles et compliquent la vie des enfants qui pourrait être si tranquille 4. »
À l'âge de huit ans, elle perd son oncle et parrain (Pierre Demmler), qui meurt à la guerre. Lui ayant assigné une place d'époux symbolique, comme peuvent le faire les enfants de cet âge, elle l'appelle « son fiancé » et en porte le deuil comme une veuve de