Blabla
S’interroger sur la parole peut paraître vain et trop évident. Nous voyons bien ce que c’est que parler, nous avons tous accès à cette expérience quotidiennement, aussi souvent que nous le désirons. Est-il besoin d’en faire un objet de discours, voire de raisonnement ? Parler de la parole peut sembler terriblement redondant…
1. L’évidence de la parole
En apparence, cette faculté humaine n’est rien moins que mystérieuse : elle nous précède et nous survivra. Nos parents parlent et nos enfants parleront, c’est un fait. Alors qu’on adopte une perspective critique sur la morale qu’on décide d’enseigner aux enfants, sur les qualités humaines à développer chez eux (la pitié, l’humour, l’ironie, la patience etc.), sur le goût et la disposition de leur esprit pour la rationalité ou l’abstraction, sur leur application à un art ou à un artisanat (le chant, l’écriture, la cuisine etc.), on ne remet pas en question la transmission de la parole de génération en génération. On argumente donc sans cesse au sujet des principes d’éducation, mais jamais l’on n’envisage de priver l’enfant – et même de pouvoir le priver - de la parole. Elle semble aller de soi pour le petit d’homme. Comme nous avons été pourvus de deux jambes pour marcher, nous aurions peut-être reçu le « don de la parole », nous aurions besoin d’elle ainsi que le poumon a besoin d’oxygène. Sans avoir encore été à l’école, sans avoir la nécessité de réfléchir à chaque mot que nous prononçons, sans connaître les principes raisonnés de la grammaire, nous parlons. Pourquoi en faire une question ? Où se loge le problème de la parole ? D’un certain point de vue, elle n’est qu’un outil de communication, qui nous permet de transmettre un sens à autrui, c’est-à-dire une information, un attribut humain fonctionnel, au même titre qu’un organe ou qu’un membre.
Cette apparente facilité de l’appréhension de la parole nous met en fait au pied