Bonheur affaire privée
On dénonce communément l’individualisme de notre époque alors que paradoxalement le bonheur est conçu par presque tous les individus comme étant d’abord une satisfaction trouvée dans la vie relationnelle. Le bonheur est-il une affaire privée ? Si notre bonheur dépend d’autrui, ne sommes-nous pas condamné au malheur puisque le désir d’autrui ne coïncide que très rarement avec le nôtre sauf peut-être par le biais de malentendus ? Ne faut-il pas atteindre cette sagesse où « le sage se suffit à lui-même » ? L’amitié n’est pas étrangère à cette recherche de sagesse mais n’est-elle pas davantage source de joie dès lors qu’elle n’est pas fondée sur des dépendances affectives ? Le bonheur peut être considéré comme un horizon collectif. Est-il alors moral de se contenter d’un bonheur personnel ou même d’un bonheur autarcique partagé avec quelques amis choisis ? Mais ceux qui ne se contentent pas d’eux-mêmes, ne deviennent-ils pas dépendants de la reconnaissance sociale de l’autre ? Ces pulsions de reconnaissance ne se heurtent-elles pas les unes les autres, chacun voulant par son égocentrisme être le centre d’attention des autres ? Comment alors favoriser politiquement l’accès du plus grand nombre au bonheur ? Mais dans quelle mesure peut-on contraindre les individus à renoncer à leurs approches égocentriques qu’elles soient familiales, tribales, claniques, sociales, ethniques, etc. ?
plan:
I Bonheur, affaire strictement privée
II Le bonheur passe par la sphère de l’Etat et de la société
III Bonheur personnel est incomplet et égoïste, le bonheur est donc un subtil mélange de privé et de public