Bonheur et liberté
Introduction
A l’encontre de l’idée républicaine française que nous avons aujourd’hui du bonheur, où chacun est libre de le concevoir et de le rechercher comme bon lui semble, l’idée de bonheur durant toute l’antiquité était une notion éminemment politique. Le bonheur pour les anciens, constituait cette motivation permettant de dépasser les intérêts égoïstes en vue d’un bien commun. Pascal le rappellera de façon ironique dans sa pensée 425 (B) : "Tous les hommes recherchent d'être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu'il emploient ". D’une part le bonheur apparait dans l’antiquité comme le souverain bien, c’est-à-dire comme le bien suprême qui ne dépend d’aucuns autres mais, plus encore, le bonheur apparaît comme ce bien commun auquel chacun aspire. Le bonheur joue ainsi un rôle politique puisqu’il désigne une communauté possible, d’intérêts, de projets et de fins. L’eudémonisme antique, c’est-à-dire les philosophies qui ont fait du bonheur le but de la vie, voient dans l’accès à celui-ci, le projet commun sans lequel notre communauté serait semblable à celle des pourceaux. Aristote fera ainsi de l’amitié vertueuse la condition du bonheur et du politique. Le bonheur constitue alors une tâche, un projet, une perspective à réaliser qui, en tant que telle, ne présente aucun contenu particulier. Derrière le projet d’être heureux, on sous-entend l’idée d’un accord à établir, d’une paix à trouver, d’une satisfaction pleine, entière et durable, consécutive à un accomplissement. Contre l’étymologie (Le mot « Bonheur » signifie en effet étymologiquement : la fortune, la chance, les augures), les anciens font du bonheur le résultat d’une discipline, mettant en œuvre des exercices, qui nous permettent d’accomplir notre nature en sortant de l’ignorance et ainsi, de trouver notre place en société pour vivre en harmonie avec la nature. Celle-ci demeure le modèle d’organisation indépassable de toutes choses et donc de la