Bonheur Inaccessible
ELEMENTS DE LA QUESTION : Il faut éviter d’organiser le plan sur le mode du : oui-non, et plutôt ici approfondir en quel sens on parle d’inaccessible.
1. être inaccessible : on pense qu’il s'agit de savoir si l'on peut accéder ou non au bonheur, mais ici il faut plutôt s'interroger sur la négative (in-accessible : il n'est pas possible d'y accéder et cela définirait le bonheur : il est inaccessible. Autrement dit, il n’y a de bonheur qu’inaccessible : s’il y a bonheur possible, c’est dans l’inaccessible : « il est » inaccessible par définition et c’est l’impossible qui le caractérise. D’où il faut voir 1° que ce qui empêcherait l’accès l’éloigne de nous mais aussi 2° que cet éloignement est nécessaire car il le définit, par ex. comme un idéal. Et du coup, c’est l’idée d’un bonheur possible, une « image » que l’on projette qui amènerait « le bonheur ». Il ne serait donc plus à relier au réel et la satisfaction des besoins mais au rêve, à l’imagination et à la création multiforme des désirs. Le bonheur c’est ce que tout un chacun désire et qu’il veut aussi parfois comme quelque chose d’absolu, et même d’irréalisable. Ce qui paraît contradictoire, mais si l’on accepte de penser que le bonheur humain est (nécessairement) lié au désir, la contradiction peut alors être plus compréhensible.
2. La tentative de définir le bonheur par le plaisir, la vertu ou l’absence de trouble est radicalement insuffisante car elle méconnaît le plan du désir et de ses créations : en effet, s’il n’y a pas, dans l’existence humaine, de parfait état d'équilibre et de bien-être, il y a cependant le bonheur de répondre à des idéaux qui nous motivent. Il serait donc bien accessible dans l’inaccessible mais pris dans le sens de l’idéalisation, avec par exemple le désir de suivre un idéal de vie.
La question n’est pas celle d’un droit au bonheur, pour l'individu ou l'homme en général, car l’on ne doit pas confondre la réponse aux besoins et l’aspiration au bien