Bonheur
Faut-il alors renoncer à tous ses désirs ? C'est cette solution que préconise Schopenhauer. Selon lui, tout dans l'univers (les êtres vivants comme les forces chimiques ou physiques) est animé de volonté. On pourrait rétorquer que la volonté n'est pas le désir, sauf que chez Schopenhauer la volonté n'a rien à voir avec le libre-arbitre mais est une puissance aveugle de vie, sans fondement et surtout sans finalité. L'homme est un jouet inconscient de ce qui l'anime. Il n'existe aucun plan divin et nous sommes esclaves de notre vouloir-vivre. Le désir est alors l'expression consciente et individuelle de ce vouloir-vivre. On peut donc affirmer, qu'aux yeux de Schopenhauer, l'homme est esclave du désir et oscille entre la souffrance (quand le désir est encore insatisfait) et l'ennui (après la satisfaction). La souffrance est alors notre condition.
La morale de Schopenhauer va alors être une morale du renoncement. Il faut d'abord renoncer à transmettre la vie car c'est transmettre la tromperie du bonheur, le seul sentiment moral acceptable étant la pitié qui reconnaît l'universalité de la souffrance. La seule délivrance est la négation du vouloir-vivre, non pas dans le suicide, mais dans l'acte de non-volonté (cette thèse n'est pas éloignée du bouddhisme). Il faut renoncer au désir qui est le mal radical.
Comment renoncer au désir ? Une première solution se situe dans la contemplation esthétique. Comme Kant, Schopenhauer considère qu'elle est désintéressée et donc délivrée des désirs. Mais le vrai remède, le remède radical se situe dans l'ascétisme, refus des biens de ce monde, fusion dans le néant. Seul l'ascète a vaincu l'égoïsme dans le renoncement. Homme clairvoyant, il renonce aux désirs et choisit la mortification pour vaincre le vouloir-vivre générateur de souffrances.
Cette solution en est-elle une ? Rien ne peut vaincre la volonté, impérissable et immuable. Même la mort ne supprime rien. De plus, Schopenhauer omet le caractère