Bonjour
Lorsque la poésie devient engagée, le lecteur sait qu'elle est très probablement lié à un moment historique grave : une guerre, une occupation, un régime autoritaire ou dictatorial, des génocides, etc. La poésie engagée, en ce qu'elle est fortement liée à l'Histoire, est tout d'abord une poésie de circonstance.
La poésie engagée a pour visée première de dénoncer des injustices sociales et politiques. La Seconde Guerre mondiale a été un moment de l'Histoire particulièrement sombre : il n'y a pas assez de mots pour dire l'horreur, celle de la torture, celle des persécutions, celle des génocides. La poésie peut avoir pour visée la sublimation, par l'éloge de sacrifiés héroïques notamment (René Guy Cadou) mais aussi un enjeu d'exutoire : énoncer la perte de l'ami, des parents, permet de libérer la douleur éprouvée et de lutter contre la mélancolie (Desnos, Akhmatova, Sachs). De plus, il s'agit pour le poète de rendre sensible une injustice aux yeux du lecteur : la poésie a alors une visée didactique, qui vise à enseigner, et polémique, qui vise à faire réagir (Neruda). En mettant en scène l'injustice émanant de certains régimes autoritaires ou dictatoriaux, la poésie d'Anna Akhmatova ou de Wislawa Szymborska qui dénonce l'oppression stalinienne et ses conséquences (exécutions, exode de populations) acquiert également une valeur testimoniale. Enfin, la dénonciation implique un travail de mémoire et la poésie a alors une visée mémorielle. Si les poètes expriment leur désespoir, c'est aussi pour que les générations futures n'oublient pas les horreurs perpétrées et ne reproduisent pas les mêmes