UN PROPHÈTE

Condamné à six ans de prison, Malik El Djebena ne sait ni lire, ni écrire. A son arrivée en Centrale, seul au monde, il paraît plus jeune, plus fragile que les autres détenus. Il a 19 ans. D'emblée, il tombe sous la coupe d'un groupe de prisonniers corses qui fait régner sa loi dans la prison. Le jeune homme apprend vite. Au fil des "missions", il s'endurcit et gagne la confiance des Corses. Mais, très vite, Malik utilise toute son intelligence pour développer discrètement son propre réseau.

Nous nous trouvons au développement de l’intelligence du personnage. La situation est telle que Malik est enfantisé dés le début de la scène. Il est dans une situation écolière, à un stade primaire. Cette enfantisation est appuyée par le personnage. Malik nous donne une inversion de l’image du prisonnier dur, violent et méchant. Son comportement s’apparente à un jeune enfant, ses expressions révèlent son innocence et par sa prononciation décomposée avec son chuchotement évoque les premiers mots d’un enfant. Également sa gestuelle et ses vêtements nous donne un aspect assez fragile de la personne. Les spectateurs se trouvent dans un statut de prépondérance face au personnage. Le sentiment est renforcé par la plongée sur Malik assis, le plaçant dans une prestance de soumission. Aussi la voix off du professeur le met dans un apprentissage total car cette voie masculine, grave et lente dénuée de toute émotion nous semble nous évoquer la voix d’un enregistreur audio qui n’a pour but que de parler. Le milieu écolier est renouvelé à la sortie des prisonniers. Le lieu extérieur rappelle la cour de récréation. Malgré cette dualité entre le milieu pénitencier et écolier, on a un cadrage fermé donnant les limites de la prison telle une cour d’école, un milieu clos. Cette instabilité du cadrage et ses plans très cour montrant des prisonniers se bagarrant et jouant à des batailles de boule de neige présentent une confusion entre l’enfant et le prisonnier. Malik n’est qu’un