Voyage autour du monde (Bougainville 1771)

Au XVIIIe siècle ont lieu de grands voyages d'exploration autour du monde, les explorateurs emmenant avec eux naturalistes et scientifiques. C’est ainsi que le voyage autour du monde de Bougainville, entre 1767 et 1769, marque les esprits par sa description des coutumes exotiques. Le thème du voyage est déjà à la mode dans les salons littéraires de Paris où on invite scientifiques et philosophes. Montesquieu avec ses Lettres persanes ( 1721) ou Voltaire avec Candide (1759) ou L’ingénu (1767) ont déjà été nourris par ce rapport avec d’autres civilisations qui leur permet aussi de critiquer la société française et ses valeurs. Denis Diderot écrira un supplément au voyage de Bougainville (1796), qui poursuit les mêmes buts. Quant à Bougainville, il voit Tahiti, dont il est sujet dans l’extrait étudié, comme le paradis sur terre. C’est la description d’un véritable paradis originel dont il est question ici.
Nous verrons dans un premier temps comment Bougainville met en relief l’enthousiasme de l’accueil puis sa description élogieuse d’un véritable jardin d’Eden et enfin la comparaison implicite avec sa propre civilisation.

La qualité de l’accueil des Tahitiens est valorisé à travers plusieurs procédés. Tout d’abord, Bougainville emploie de nombreux termes qui généralisent leur attitude positive. Ainsi, les mots « foule » , les pronoms indéfinis « on » et « tous », les termes généralisants comme « les femmes », « les hommes » montrent que le comportement accueillant est commun à tous.
Par ailleurs, L’auteur décrit plusieurs manifestations d’enthousiasme dont la tonalité est superlative : « ils ne savaient comment exprimer leur joie », ils « ne se lassaient point de nous considérer », « les femmes nous saluèrent […] en criant Tayo ». Les habitants sont plein d’une curiosité naturelle qui s’exprime spontanément, sans étiquette pesante. L’hospitalité semble donc être la règle la plus importante de ce pays. Là encore