Bouh
Dans ce roman, il y a une femme, son homme, une balle, une religion et des secrets, tout cela à l'abri d'une maison au beau milieu d'une guerre civile. Personne n'est identifié, nous nous contenterons de la femme, et, de son homme. Cette confidentialité nous bloque le passage jusqu'à eux, il n'y a pas cette intimité que l'on tisse avec des personnes dans d'autres ouvrages. On se sent comme un intrus, qui aurait l'obligation de voir cette histoire. Mais au bout de quelques pages, on s'y retrouve. Les choses se mettent en place et on s'identifie à ces personnages dont le prénom est inconnu. L'histoire se construit, elle avance son bouger; cette absence de mouvements ne gêne pas, elle met tout en suspens, comme protégée par une pierre magique, une pierre de patience. Tant que celle-ci reste entière, l'histoire est toujours là, rythmée par les respirations de l'homme, immobile quoi qu'il arrive, et par les venues quotidiennes de sa femme, dont l'atmosphère de la maison devenue trop lourde, étouffe. Trop lourde de secrets et de mensonges. Alors en bonne musulmane, elle enlève son voile, s'installe à côté de son homme, et parle. Sans pouvoir s'arrêter, elle parle. D'un acte affreux datant de son enfance, d'une trahison couverte pour le bien de tous, et d'une façon plutôt crue, elle critique son mari. Ne vous en faîtes pas, il est toujours là, immobile et muet, les yeux grand ouverts, la poitrine se soulevant régulièrement, nourri par de l'eau sucrée-salée, à rester parfaitement statique, prenant même soin de ne pas chasser une mouche partie explorer sa bouche, sèche. Et les choses s'accélèrent. Dehors, le chaos règne, tout a été abandonné et les maisons sont visitées par ces soldats auxquels la trahison religieuse répugne … Et les confidences reprennent. Toujours plus sombres, et de plus en plus faciles à dire. Les secrets pèsent aussi lourds qu'avant, mais on les accepte, sans rien dire car cette détresse qui anime la femme