À travers son œuvre, Maupassant dépeint une société « mondaine » qui s’oppose dans ses valeurs morales. Pour ce faire, les femmes issues de l’aristocratie et la bourgeoisie ont recourt à la discrétion, les permettant d’afficher un comportement contradictoire à leur statut social. C’est notamment à travers un ton de voix faible (« le ton de la voix fut baissé », ligne 973) et par la subtilité pour « dire les choses les plus scabreuses » (ligne 976) que ces femmes réussissent à montrer la duplicité. Une première contradiction se remarque par l’emploi du mot mélioratif « dames » (ligne 975). Une dame étant une femme respectable (par son éducation ou par ses qualités), une conduite exemplaire est attendue. Cependant, la discrétion ici est perçue péjorativement, elle est annonciatrice à un acte reprochable (la conspiration derrière le dos de quelqu’un). Cette discrétion est absente chez Boule de Suif, qui est plutôt ouverte et s’exprime librement : « La grosse fille, encore émue, raconta tout » (ligne 1004). Malgré son statut de prostituée, ses actions (ne pas céder au soldat prussien et prier à l’église) montrent qu’elle a un respect sincère pour la patrie et l’Église (autrement dit, ce sont les bonnes qualités qu’aurait une dame). Ainsi, l’hypocrisie de cette bourgeoisie se contraste avec l’ouverture d’esprit d’une prostituée. Éventuellement, les femmes manipulent la situation pour rendre un pêché déplorable sous une lumière plus favorable, le tout pour un gain collectif. D’abord, l’interpellation « mademoiselle » pour substituer « madame » (ligne1035-1036) implique le désir de ces femmes mondaines de rappeler la place qu’occupe Boule de Suif dans l’hiérarchie sociale (elle est marginalisée). Ensuite, pour amplifier l’effet et surtout pour l’inciter à passer à l’acte, la religieuse est mise à l’œuvre. Elle est l’exemple parfait de l’hypocrisie, notamment à travers sa philosophie morale en affirmant qu’un pêché est pardonné s’il est accompli pour des motifs dignes («