Boule de suif
En 1880, Guy de Maupassant publie sa première nouvelle, Boule-de-Suif. Dans ce coup d’essai, salué comme un chef-d’œuvre par ses contemporains, les thèmes chers au jeune écrivain sont déjà présents. Influencé par le réalisme de Gustave Flaubert et par l’approche naturaliste d’Émile Zola, il dépeint la réalité de la vie et souligne la cruauté des personnages qu’il met en scène. Pour lui, il n’est pas nécessaire de dénoncer les travers de la société, il suffit de les décrire pour faire réagir le lecteur.
Maupassant décide alors de se consacrer entièrement à son œuvre. En dix ans, il publie plus de 300 nouvelles et contes réunis en une quinzaine de recueils (dont les Contes de la bécasse en 1883) et 6 romans, alimentés par le même mépris du monde bourgeois, et dont se dégage un certain pessimisme social : Une Vie (1883) retrace le parcours de Jeanne, issue de la petite noblesse et trahie par tous ceux qu’elle aime ; dans Bel-Ami (1885), l’écrivain constate avec amertume que la réussite sociale est réservée aux seuls opportunistes.
Progressivement, la santé de Guy de Maupassant décline. Surmené et malade, il est fréquemment sujet à des crises d’angoisse, qui lui inspirent le Horla (1886). Ce chef-d'œuvre de la littérature fantastique préfigure la folie de l’auteur : victime d’hallucinations, Guy de Maupassant est interné et meurt à l’âge de 43 ans.
extrait du Horla de Guy de Maupassant
Ils ont appelé cela magnétisme, hypnotisme, suggestion... que sais-je ? Je les ai vus s'amuser comme des enfants imprudents avec cette horrible puissance ! Malheur à nous ! Malheur à l'homme ! Il est venu, le... le... comment se nomme-t-il... le... il semble qu'il me crie son nom, et je ne l'entends pas... le... oui... il le crie... J'écoute... je ne peux pas... répète... le... Horla... J'ai entendu... le Horla... c'est lui... le Horla... il est venu !...
Ah ! le vautour a mangé la colombe ; le loup a mangé le mouton ; le lion a dévoré le buffle aux cornes