Boule de suif
***
Maupassant, dans sa nouvelle, et particulièrement à la fin de celle-ci, réussit de façon assez extraordinaire à traduire la psychologie de ses personnages. Nous pouvons très facilement observer une opposition entre Boule de Suif et les autres voyageurs d'une part, puis une seconde opposition, mois évidente celle-là, entre Cornudet et les "honnêtes gens". Dès le début du passage étudié, Maupassant nous confronte à la solitude de Boule de Suif et insiste sur ce fait par une construction qui met en relief le pronom «personne», le plaçant non seulement en début de phrase, mais aussi en début de paragraphe: «Personne ne la regardait, ne songeait à elle. [...]» Boule de Suif est également rejetée et méprisée des autres, ce que l'auteur traduit de manière très éloquente lorsqu'il dit: «Elle se sentait noyée dans le mépris de ces gredins honnêtes qui l'avaient sacrifiée d'abord, rejetée ensuite, comme une chose malpropre et inutile.» Il emploie à cet effet des images très fortes, puissantes et émouvantes. Boule de Suif se sent «noyée dans le mépris», elle a l'impression de suffoquer sous les regards calomnieux des autres qui l'ont «sacrifiée d'abord, rejetée ensuite», c'est-à-dire qui l'ont encouragée, contre son gré, à commettre un acte qu'ils méprisent