Bouvard et pecuchet de g. flaubert
Le statut du paranormal dans Bouvard et Pécuchet
Résumé
Plusieurs indices textuels suggèrent que le segment de Bouvard et Pécuchet consacré à l’occulte est écrit avec moins de scepticisme que ceux qui portent sur d’autres savoirs moins controversés. Ce phénomène a de quoi surprendre, étant donné la manière ouvertement critique dont Flaubert se prononce publiquement sur ce sujet. Cette étude analyse ce soupçon de sympathie, fort inattendu, pour les tables tournantes et pour le magnétisme et tente de préciser la nature du rapport, paradoxal, qu’entretient Flaubert avec le paranormal.
Abstract
The section of Flaubert’s Bouvard et Pécuchet that focuses on the occult is surprisingly lacking in scepticism compared to many other subjects that merit, perhaps, a more generous representation than they receive. Such favourable treatment is particularly surprising when Flaubert’s overt criticism and scepticism of the paranormal is taken into account. This article examines Flaubert’s seemingly sympathetic treatment of table-turning and magnetism while attempting to discover the paradoxical relationship between the author and his text.
Table des matières
Le réalisme et le paranormal
Le vocabulaire du savoir
Le paranormal dans la hiérarchie des savoirs
La contradiction, le conflit et le scepticisme
Réussites et échecs
La correspondance
Pourquoi Gustave Flaubert a-t-il entrepris d’écrire son dernier roman, Bouvard et Pécuchet? Le projet a duré huit ans, lui a fait lire plus de 1 500 volumes (voir Kempf, 1990, p. 39), et l’écrivain n’a cessé de se plaindre de l’énormité de la tâche. De plus, Flaubert était tourmenté par divers problèmes de santé qui l’empêchaient par moments d’écrire. Il avait également de graves problèmes financiers. Or, bien qu’il ait douté dès le départ de la réception de sa « farce », il continuait d’y travailler. La deuxième question que je vais aborder dans le cadre de cet article porte sur un segment d’une vingtaine de pages au