Danton, grâce à sa taille, à sa voix et à son intelligence remarquables, se faisait applaudir pour son extraordinaire talent d'orateur - et de démagogue inspiré - dans les clubs populaires, surtout aux Cordeliers où il était en pays ami, et par ses sorties aussi brillantes que foudroyantes portées en 1791 contre les Constitutionnels Lameth, Barnave et consorts. D'un autre côté, le massacre des ministres Montmorin et de Lessart, l'intérêt manifeste porté par Danton pour les papiers trouvés sur eux et qu'il fit, dans le cas de Valdec de Lessart, remettre par Fournier l'Américain à la Commune plutôt qu'à la Convention, a pu laisser planer un doute sur son degré d'implication dans les massacres: on sait en effet que beaucoup de révolutionnaires bon teint qui avaient accepté de l'argent de la Cour - le plus connu est Antoine Joseph Santerre, principal responsable des tueries avec Panis, Duplain et Marat -, redoutaient très fort la publicité qui pourrait être faite, après le 10 août, sur leur prévarications passées, dans le cadre d'une procédure, même extraordinaire, avec témoins, défense, pièces à conviction et débats publics. Mais hypothèse n'est pas preuve. Danton, comme Roland, ministre de l'intérieur dont c'était la tâche, n'a, comme le maire Pétion, pas pu empêcher les massacres dont la non exécution dépendait uniquement de Santerre, commandant de la Garde nationale, disposant d'un bras armé suffisant pour disperser en un clin d'oeil les trois cents tape-dru de Stanislas Maillard. Il reste que Danton fut le témoin privilégié et autorisé des prévarications des membres de la Commune du 10 août autour du trouble Sulpice Huguenin, premier président du conseil général de la Commune du 10 août, aventurier et voleur[50] mis en service par Jean-Nicolas Pache, et, notamment, l'avocat « exagéré » Billaud-Varenne qui, entré au Comité de salut public un an plus tard, entreprendra d'abattre Danton pour de mauvaises raisons[51]. Ainsi, le procès de Danton et de