Brise marine - mallarme
« Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu; le suggérer, voilà le rêve. » affirma Stéphane Mallarmé. En effet, ce dernier étant le chef de file du mouvement symboliste avec Baudelaire et Rimbaud, il se plait à dire implicitement ce qu'il cherche à exprimer. Son écriture, pouvant amener à l'hermétisme, traite particulièrement son désir de fuir l'existence ordinaire et monotone qu'il vit. Nous étudierons ici comment, dans son poème Brise Marine, écrit en 1865, il tente de soigner ce spleen présent en lui. Nous développerons dans une première partie, l'ennui de son quotidien et son refus de tout lien, dans une seconde, son voyage vers une liberté géographiquement indéterminée puis, dans une troisième, les risques que cela comporte et la vanité de son projet, pour finir sur l'utilité de la poésie comme échappatoire.
Le poète évoque, dès le premier vers, son profond ennui de l'être humain, d'un point de vue d'abord physique, par la personnification « la chair est triste » qui exprime que même l'amour n'a plus d'attrait pour lui, et d'un point de vue intellectuel ensuite, grâce à la formule hyperbolique « j'ai lu tous les livres » qui met en avant le fait que son esprit se lasse et que même la littérature ne peut plus rien lui apporter de nouveau et de captivant, ce qui est dérangeant pour un homme de lettres. Entre ces deux aspects de l'Homme, Mallarmé utilise l'interjection « hélas! » pour renforcer l'idée de découragement. L'expression « ce cœur qui dans la mer se trempe » montre que l'encrier du poète est la mer, qu'il y puise son inspiration et non pas dans le quotidien. De plus, l'auteur utilise un présent de vérité générale « est » et un rythme classique en coupant les vers à la sixième syllabe ce qui met l'accent sur la monotonie à laquelle il est contraint et la lassitude qu'il ressent à son égard. Le passé composé «